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L’A,B,C du post-confinement

L’A,B,C du post-confinement

Après deux mois d’interruption,  le redémarrage des entreprises et le retour des salariés constitueront des étapes cruciales pour leur survie et pour la relance économique. La grande majorité des entreprises comme des personnes ressortiront profondément fragilisées de cette catastrophe. Il y aura aussi des opportunités à saisir.  Les entreprises qui survivront seront celles qui auront préparées la reprise. 

Le piège est de penser que, le confinement terminé, tout redeviendra comme avant. Evidemment,  ce serait la solution la plus simple. En réalité, pour toutes les raisons que nous allons voir, il est très peu probable que ce soit le cas.

La fonction Ressources Humaines aura un rôle essentiel à jouer pour la préparer et s’assurer que, dès le premier jour, les conditions d’accueil, entre autres, seront en place.

A- Des entreprises fragilisées :

Les fondamentaux des entreprises sortiront extraordinairement fragilisés de cette période de confinement : Trésorerie asséchée, dévalorisation boursière massive (avec les risques associés de fonds vautours ou de concurrents opportunistes), clients « évaporés », réseaux de fournisseurs affaiblis du fait de la faillite de certains, de l’inaccessibilité d’autres - situés dans des zones encore confinées ou pour lesquels les coûts de transport seront devenus trop élevés - ou de décisions stratégiques de relocalisation. Enfin, les leaders et les organisations auront été plus ou moins fortement remis en cause en fonction de leur gestion de la crise, pour les premiers, et du fonctionnement en mode « dégradé » (télétravail, service minimum d’urgence, retrait…), pour les secondes.

Tout cela s’inscrira dans un contexte d’incertitudes considérables lié à un environnement imprévisible du fait de :

•  La vitesse et du niveau du déconfinement, au plan national comme dans les autres pays,

•  La vitesse et le niveau de la reprise économique, là encore en France comme à l’étranger,

•  La montée en puissance voire l’apparition de nouvelles habitudes de consommation comme le bio, l’origine de la fabrication, la prise en compte de l’impact sur la planète, la qualité/durabilité des produits pour une consommation raisonnée,…

•  Les politiques de relance économique des Etats et de la Communauté européenne,

•  La politique monétaire en Europe et aux Etats-Unis,

•  Les mesures de protectionnisme de certains Etats,

•  Les évolutions du cadre juridique,

•  …

Malgré tout, l’entreprise aura des choix  stratégiques à faire rapidement. Choix sur lesquels tant ses clients que ses salariés l’attendront :

•  Réduction de la dépendance internationale et rapprochement des sources d’approvisionnement,

•  Réduction de l’impact environnemental de l’activité, même pour les entreprises déjà engagées dans ce processus,

•  Changement des indicateurs de performance, refus du profit comme unique objet de l’activité des entreprises,

•  Décentralisation et responsabilisation des acteurs au sein de l’organisation,

•  Capacité à s’adapter à l'évolution des marché (changement des attentes et des priorités, politique prix/produit, …),

•  Gestion des collaborateurs sur des aspects très pratiques de sécurité sanitaire mais aussi de congés payés  ou de maintien d’une activité partiellement en télétravail, par exemple, avec une ligne d’encadrement déjà fortement mise à l’épreuve avec la gestion de la crise,

•  Remotivation et remobilisation des équipes et de la ligne d’encadrement.

Enfin, il faudra relancer les « outils de travail » de l’entreprise pour pouvoir répondre aux besoins des clients avec :

•  Des organisations et des processus à redéfinir ou à recaler,

•  Des usines et des centres logistiques à redémarrer en gérant le risque sanitaire et ses implications potentiellement pénales,

•  Un réseau de sous-traitants à redémarrer voire à recréer.

 

B - Des salariés « changés » :

En ce qui concerne les salariés, le confinement aura modifié durablement leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise. Certains de ces changements s’inscriront dans la continuité de ceux initiés par le confinement, d’autres représenteront des problématiques nouvelles à prendre en compte.

Certains de ces effets seront dans la continuité du confinement :

•  Le maintien des règles de sécurité sanitaires (gestes barrières, équipement de protection,…) qui va compliquer le mode de fonctionnement des collectifs de travail,

•  Le maintien d’un certain niveau de télétravail avec ce que cela représente pour les salariés  de gains en termes de temps, de coût, de fatigue, de disponibilité à la famille mais aussi d’autonomie dans le travail,

•  Le capital de « confiance » accru du fait d’une politique de CARE (L’Oréal, Schneider, Dassault…) et un sentiment de protection voire de gratitude vis-vis d’une entreprise qui les aura protégés, par contraste avec les millions d’indépendants confronté à de multiples difficultés économiques et psychologiques (solitude,…),

•  Un rôle renforcé pour les syndicats (droit de retrait, accords de maintien d’activité,…).

D’autres changements devront être pris en compte par les organisations pour aider les salariés à y faire face. On peut citer de façon non exhaustive :

•  De nouvelles habitudes de travail, voire de non activité,

•  De nouveaux équilibres/exigences (?) vie personnelle/professionnelle,

•  Des droits à congés payés épuisés (?),

•  Des réseaux construits sur des bases différentes,

•  Des équipes de travail plus ou moins diluées,

•  Une ligne d’encadrement à raffermir (épuisement pour les uns, absence pour les autres, destabilisation pour beaucoup,…),

•  Un leadership à rééquilibrer avec du participatif : le danger immédiat a rendu nécessaire une pratique « autoritaire » du pouvoir,

•  Un stress lié au confinement (avec les problèmes existentielles et relationnelles associés), à l’angoisse de la maladie et de la mort, au deuil de proches,… Tout cela prendra du temps à surmonter,

•  Des objectifs professionnels et des attentes individuels que les salariés auront souvent réévalués.

Tout cela alors qu’il est très probable que malgré les mesures de chômage partiel, et en fonction de la vitesse de la reprise, des adaptations d’effectifs quantitatifs et qualitatifs s’avéreront  indispensables avec les effets déstabilisant qu’ils auront sur le corps social de l’organisation. Cette dimension sociale sera d’autant plus importante pour les collaborateurs qu’elle leur aura fait défaut pendant des semaines et qu’ils, surtout les plus jeunes, seront demandeurs de recréer des liens.

Il y a donc des enjeux majeurs avec des problématiques complexes et souvent délicates, à préparer la sortie du confinement.

 

C - Des solutions :

Dans cette perspective, nous envisagerons quelques pistes de travail dans notre prochain article.



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