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Coronavirus : Risque d’éclatement ou facteur de cohésion sociale ?

Avec l’annonce par Boris Johnson de la mobilisation de la police et de l’armée pour prévenir les risques de violence liés à la disette provoquée par les achats massifs de précaution, nous entrons dans la phase la plus dangereuse de la crise sanitaire que nous connaissons.

L’application du principe de prudence conjuguée à l’inflammation médiatique créent les conditions d’une prophétie auto-réalisatrice.

Non pas tant sur la propagation du virus que sur les conséquences économiques, financières, sociales et politiques de cette épidémie.

Les millions de personnes mises en quarantaine en Chine, plongées dans l’angoisse de l’incertitude, de la solitude, de l’ennui, de la peur de tomber malade voire de mourir,…. si on rajoute la soumission à un contrôle continu et pointilleux de leurs déplacements et de leurs agissements, les pénuries de certains produits,… nous voyons qu’à court terme la Chine mais aussi, potentiellement, les autres Etats mettent en place les conditions d’une crise majeure qui dépassera largement son origine sanitaire.

En filigrane, se pose alors la question de la gestion des risques dans nos sociétés de plus en plus intolérantes aux aléas de la vie.

Pour un virus, qui a tué jusqu’à présent 2500 personnes et dont 80% des personnes touchées ont guéri. Pour mémoire on compte 500 000 morts de la grippe. Certes, avec un taux de létalité bien inférieur. Ne sommes nous donc pas pris dans une logique de sur-réaction dictée par le principe de précaution dont il est difficile de fixer les limites ?

Pour forcer le trait et même si « comparaison n’est pas raison », doit-on interdire la circulation automobile au motif que 1,35 million de personnes sont mortes d’accidents de la circulation dans le monde en 2016 ?

Dans la mesure où légitimement aucun responsable ne veut être accusé de laxisme ou de négligence, le risque est réel d’une « surenchère » de décisions dites de prudence en prétendant qu’elles «peuvent faire du bien et ne peuvent pas faire de mal ».

Or, ces décisions peuvent faire plus de mal que de bien.

Leurs implications économiques et financières sont très importantes : arrêt des usines, faillite de commerces, arrêt des approvisionnements, augmentation des prix, appauvrissement de la population, … la liste est longue des conséquences économiques et sociales, parfois irréparables, que ces décisions peuvent avoir. Les conséquences psychologiques ne sont pas moins importantes car elles peuvent avoir des retombées sociologiques, politiques et économiques multiples. La peur, la rupture du lien social (interdiction des regroupements et des fêtes, méfiance vis à vis de l’autre porteur potentiel du virus,…), l’acceptation des limitations à sa liberté avec la mise en place de contrôles normalement inacceptables, l’accoutumance à l’inactivité, sans compter le cycle dangereux : peur, achats de précaution vidant les magasins, disette,  panique collective, révoltes, violences,…

Il est donc urgent de faire preuve du plus grand discernement possible et de ne pas se donner bonne conscience en prenant des décisions hâtives aux conséquences plus préjudiciables encore que le mal dont on veut se prémunir. La qualité de la gouvernance s’évaluera à l’aune de la justesse des décisions plutôt qu’à leur brutalité.

En ce sens, le travail d’éducation pour que chacun adopte quelques règles de base, parait à la fois plus efficace et plus respectueux des équilibres sociétaux. Il est à noter que ces règles sont, dans l’ensemble, respectées par tous, y compris dans des endroits reculées. On peut y voir l’expression d’un sentiment de responsabilité vis à vis de la communauté.



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